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Vaudevilles de Nicolas Pinet

Nicolas Pinet, sélectionnés deux fois au Concours Jeune Talent, publie son premier album Vaudevilles chez Fluide Glacial dans la nouvelle collection Trafik.

Après plusieurs collaborations pour Fluide Glacial, Charlie Hebdo, Mauvais Esprit, Nicolas Pinet sort son premier album Vaudevilles, une bande dessinée au style graphique plus surréaliste que Futurama, plus stylisé qu'Hervé Rosa et à l’humour démentiel -loin du politiquement correct. Vous y trouverez vos semblables les plus laid, vos peurs les plus absurdes, un quotidien grotesque, des prix littéraires infondés, des cuisses de jambon bien sûr… et un langage parfois baroque qui souligne cette étrange familiarité... La parole à l'auteur Nicolas Pinet :

 

Votre premier album a été publié chez Fluide Glacial dans une collection bien particulière, comment en êtes-vous arrivé là ? Quelle est l’origine de cet album ?

Nicolas. Pinet : J'ai depuis de nombreuses années eu l'envie de rendre compte du monde dans lequel j'étais. Grand lecteur de bande dessinée, cette forme d'expression semblait le moyen le plus adapté pour arriver à cet objectif.  N'étant pas issu d'un milieu d'artistes, je me suis inscrit dès la seconde dans une école d'Arts Appliqués, le Lycée Auguste Renoir où j'espérais apprendre le dessin. Le Bac en poche j'ai poursuivi mes études, d'abord en Communication Visuelle puis en Bande Dessinée et en Illustration à l'Institut Saint Luc de Liège et aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Parallèlement à ces études je me suis investi dans divers projets qui malgré leur modeste diffusion, m'ont permis de montrer ma production à des lecteurs et à des professionnels. Vaudevilles est né de la volonté de Fluide Glacial. En lançant leur nouvelle collection Trafik, ils souhaitaient mettre en avant de nouveaux auteurs du magazine. Ce qui était mon cas, puisque je leur fournissais des planches depuis 2013. J'ai produit en trois mois les deux tiers de l'album, le tiers restant ayant été publié dans le journal au cours de l'année 2013/2014.

 

« Vaudevilles » est un recueil d'histoires déjantées à la saveur apocalyptique, des gags aux limites du démentiel. D’où viennent ces histoires ? Partez-vous du quotidien pour le transformer ensuite, ou faites-vous un brain-storming ou avez-vous des personnages/des obsessions qui vous inspirent ?

N. PINET : Avant de vous répondre, permettez-moi de profiter de cette tribune qui m'est offerte pour signaler aux lecteurs de notre petit entretien que les termes issus de la langue anglaise tel "brain-storming" m'horripilent au plus haut point et que je trouve leur utilisation dangereuse. J'ai une pensée pour Claude Hagège, que je ne connais pas personnellement mais que je salue et dont je conseille la lecture à chacun.

Cela étant dit et pour vous répondre, il me semble que chacune des histoires composant Vaudevilles est réaliste. C'est ce que j'ai voulu signaler au lecteur en quatrième de couverture, en m'appuyant sur une citation tirée de Hamlet de Shakespeare que l'on pourrait résumer ainsi: "Le théâtre comme miroir de la nature." La démence, les récurrences, les obsessions qui parcourent Vaudevilles sont celles de l'époque. Nous sommes plongés dedans au quotidien, nous les alimentons aussi, elles sont agressives et débilitantes. Et j'en rends compte du mieux que je peux.

Pour ce qui est de ma méthode de travail, jusqu'à présent elle ne suit pas de principe particulier, en tous cas je ne l'ai pas encore analysée. Ce qui est certain c'est que dès qu'une idée me vient, une réflexion, un dessin je le note dans un carnet ou sur une feuille volante et il arrive que ça devienne une histoire ou une lettre envoyée à des amis. Je m'entraîne beaucoup en discutant avec les gens. J'essaye d'affiner mes histoires en les racontant, en les essayant sur des auditeurs, en voyant leur réaction et en ajustant en fonction de ce qu'ils expriment.

J'ai une formule pour être drôle à tout instant, mais je ne peux pas la dire sinon elle ne fonctionnera plus. Une partie du voile du mystère est levé en page 44 de Vaudevilles (8€ aux éditions AUDIE/Fluide Glacial collection Trafik.) 

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Vous faites de la bande dessinée haute en satire et grotesque ! Après avoir travaillé pour Fluide Glacial, Charlie Hebdo, Mauvais Esprit ; vous avez également publié régulièrement dans Biscoto le feuilleton Francis Saucisson contre l’Âge Bête : quelles sont les grandes étapes de votre formation et de votre parcours d'auteur ? Aviez-vous vocation à devenir un auteur satirique ou est-ce une suite de rencontres ?

N. PINET : Je crois que mon métier est d'être auteur, que je pourrai progresser dans ce domaine, que s'il y a une vocation elle se trouve là. La satire, c'est plus un trait de mon caractère en grande partie indépendant de ma volonté. Je n'y suis pas pour grand-chose et je ne cherche pas particulièrement à l'entretenir. 

 

Habitué du concours Jeunes Talents, qu'est-ce que vous a apporté cette double sélection ? Avez-vous des conseils pour les jeunes auteurs qui voudraient se lancer ?

N. PINET : Le concours Jeunes Talents  m'a permis de venir à deux reprises à Angoulême comme invité avec un insigne nominatif en plastique qui permet d'accéder à des soirées, aux expositions ou de doubler dans les interminables files d'attente. Ce qui est un toujours très plaisant. Ce concours est surtout, motivant par ses promesses, ses lots et le lieu où il se déroule. Ses contraintes obligent à redoubler d'astuce pour condenser en trois pages tout ce qui tient au petit cœur fébrile du Jeune Talent.

Je ne sais pas si cette double sélection a été remarquée par les éditeurs ou les lecteurs mais ça a été l'occasion de rencontrer d'autres auteurs jeunes et moins jeunes, ce qui est toujours très sympathique. Moi qui habituellement adore donner des conseils, je dois reconnaître mon illégitimité à en donner à de jeunes auteurs qui voudraient se lancer. Je leur dirai cependant: "Bonne chance Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs." ou alors "Notre route est droite mais la pente est forte."

 

Quelle est la suite de vos projets ?

N. PINET : Pour l'instant je lis, j'écris et je dessine, en espérant qu'il en ressortira quelque chose d'intéressant. J'ai toujours des saynètes qui me viennent providentiellement, si Fluide Glacial en veut toujours, je serai heureux de leur fournir. Je travaille plus ou moins sur une suite de Francis Saucisson qui ne verra sans doute jamais le jour, je fais des pages de jeux de temps en temps pour la presse jeunesse et des histoires plus singulières pour Biscoto, le journal plus fort que costaud ! J'aimerai publier un recueil de dessins comme ceux de Maurice Henry, de Jean Effel.

Sinon je pense que je vais sérieusement chercher un emploi qui me permette à la fois d'avoir des revenus réguliers et l'esprit libre pour rendre compte du monde. Idéalement un poste d'ambassadeur ou de diplomate serait très bien, cependant j'ignore si mon cursus scolaire et mes diplômes me permettraient d'y accéder. Mais je sais que Stendhal, Chateaubriand, Claudel ou Saint-John Perse -entre autres- l'ont été et ça me conforte dans cette voie. Si vous entendez parler d'une opportunité, n'hésitez pas à me faire suivre l'information, je vous en serai reconnaissant. (et ne croyez pas que ce soit une plaisanterie, si vous avez vent d'une opportunité contactez-moi !)