Trois autrices en lice pour le Grand Prix 2022
Depuis 2014, le Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême est attribué à la suite d’un vote de la communauté des autrices et auteurs professionnels de bande dessinée. Le premier temps de la désignation du Grand Prix 2022 qui s’est déroulé du 21 au 27 février, vient de se clore.
Une large majorité d’autrices et d’auteurs ont participé à cette élection en votant pour l’une ou l'un de leurs pairs. Le Festival tient à les en remercier tout particulièrement. Il est en effet est très attaché à ce Prix qui vient promouvoir auprès du public une ou un artiste pour l’ensemble de son œuvre et son empreinte sur l’histoire de la bande dessinée.
Pénélope Bagieu
Pénélope Bagieu © Eva Cagin
Julie Doucet
Julie Doucet, née en 1965 à Montréal, est l'une des autrices de bande dessinée les plus importantes de la fin du siècle dernier. Après avoir étudié les arts plastiques au Cégep du Vieux Montréal au début des années 1980, elle s'inscrit à l'Université du Québec à Montréal, où elle complète un certificat en arts d'impression. Au cours de ses études, elle découvre la bande dessinée et commence à publier un fanzine photocopié : Dirty plotte, dans lequel elle documente en français et en anglais sa vie quotidienne, ses rêves, ses angoisses. Le titre est repris en 1991 par l'éditeur Drawn & Quarterly à Montréal qui les publie. Après avoir vécu à New-York, Seattle et Berlin, Julie Doucet est retournée à Montréal où elle vit et travaille, opérant désormais dans un champ plus proche des arts graphiques (collage, poésie, roman-photo). Ses travaux, qu'elle édite en tirage limité en sérigraphie, sont parfois publiés par Drawn & Quarterly. L'essayiste Anne-Elizabeth Moore a publié en 2018 une étude sur l'œuvre de Julie Doucet (Sweet Little Cunt: The Graphic Work of Julie Doucet), qu'elle perçoit comme précurseure d'un nouveau féminisme en bande dessinée.
Julie Doucet © Kate Mada
Catherine Meurisse
Catherine Meurisse est née en 1980. Après un cursus de lettres modernes, elle fait ses études à l'école Estienne puis à l'École nationale supérieure des Arts décoratifs à Paris. Dessinatrice, autrice, caricaturiste, reporter et illustratrice d'albums pour la jeunesse, Catherine Meurisse est une artiste prolixe. Aiguisant son regard et son trait pendant quinze ans dans de nombreux titres de presse (Le Monde, Libération, Les Échos, L'Obs...) et plus particulièrement à Charlie Hebdo, elle réalise des bandes dessinées où l'esprit de sérieux n'a pas sa place. Après Mes Hommes de lettres, Le Pont des arts (Sarbacane), Moderne Olympia (Futuropolis) et Drôles de femmes (Dargaud, avec Julie Birmant), elle publie en 2016 La Légèreté, récit bouleversant de son retour à la vie, au dessin et à la mémoire, après l'attentat contre Charlie Hebdo auquel elle a échappé. Après l'effronté Scènes de la vie hormonale paraît Les Grands Espaces (Dargaud), évocation de son enfance à la campagne, où se mêlent souvenirs savoureux et conscience esthétique et politique du paysage rural. En 2019, elle publie Delacroix, adaptation graphique toute personnelle des mémoires d'Alexandre Dumas, grand ami du peintre Eugène Delacroix. Son nouvel album, La Jeune Femme et la Mer interroge la place de l'Homme dans la nature et le recours à l'art pour saisir les paysages qui disparaissent. En 2020, année où une grande rétrospective lui est consacrée à la BPI du Centre Pompidou, Catherine Meurisse devient la première autrice de BD membre de l'Académie des beaux-arts.
Catherine Meurisse © Dargaud/Rita Scaglia