Junji Itō, dans l’antre du délire
En consacrant pour la première fois une exposition à Junji Itō, le Festival d’Angoulême propose de pénétrer dans l’œuvre du mangaka que d’aucuns considèrent comme l’un des grands maîtres de l’horreur au Japon, digne héritier de Shigeru Mizuki et du père fondateur du genre, Kazuo Umezu.
Né en 1963, Junji Itō se fait connaître à la fin des années 1980 en publiant ses premières histoires dans le tout jeune magazine mensuel d’horreur shōjo, Gekkan Halloween. Pour ce prothésiste dentaire au seuil d’une reconversion artistique, tout est déjà en place : les personnages de ses histoires courtes, pubères aux visages d’anges, évoluent entre les rues de leur quartier, leur maison familiale et leur lycée, où ils sont en proie à toutes sortes d’aliénation et de harcèlements physiques et moraux.
Junji Itō accède à la notoriété avec des œuvres comme Spirale et Gyo, multi-récompensées et révélatrices de l’évolution de son art, de la représentation de l’horreur domestique puisant dans les légendes urbaines à des récits reprenant les codes de la science-fiction. Devenu iconique, son personnage de Tomie, démembré puis sans cesse renaissant, est la figuration implacable de l’alliance de la terreur et de la beauté.
Immersive, dans une atmosphère rappelant celle des maisons hantées de fêtes foraines japonaises, l’exposition découpe en quatre actes le petit théâtre de l’horreur de Junji Itō. La première partie réveille ainsi les monstres qui parcourent son œuvre et qui enserrent les familles dans une succession de huis clos, dans lesquels le visiteur pénètre ensuite, amené à évoluer entre légendes urbaines et folkloriques, démons contemporains et ancestraux. Les deux dernières parties sont quant à elles tout entières dévolues aux chefs-d’œuvre du mangaka, depuis la folie organique et cosmique menant au dérèglement des êtres et des éléments perceptibles dans Spirale, Rémina et Gyo, jusqu’au temple de Tomie, l’adolescente fatale aux multiples réincarnations.
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