Julie Doucet, toujours de grande classe
Après l’obtention du Grand Prix en 2022, la canadienne Julie Doucet, figure tout aussi singulière qu’essentielle du paysage de la bande dessinée, est à l’honneur. Le Festival a confectionné une rétrospective de son œuvre subversive, voire transgressive,qui a toujours été le signe d’une spontanéité sans fard.
Julie Doucet a d’abord fait ses armes dans l’univers du fanzinat au Canada et un peu plus tard, la bande dessinée américaine underground, alors qu’elle était encore étudiante à l’université. Son intérêt se mue vite en occupation à plein temps : Dirty Plotte, après avoir été photocopié à quelques dizaines puis plusieurs centaines d’exemplaires, est édité en 1991 chez Drawn et Quarterly.
Julie Doucet y raconte son quotidien, ses questionnements sur l’identité féminine et ses récits de rêves fascinants, entremêlés d’éléments autobiographiques dans des pages d’une richesse formelle époustouflante. L'autrice, alors âgée de 26 ans, intéresse, intrigue et stupéfie. Mais l’ossature de ses récits, épaisse et engravée, surtout faite de noir et blanc, repose sur un découpage étonnement classique qui voit très peu de compositions déstructurées.
Reprodukt la traduit en allemand et en France, c’est L’Association tout juste créée qui se charge de l'intronisation. L'artiste en pleine ascension, délaisse néanmoins la bande dessinée en 1999 pour mieux revenir à ses sources.
Alors âgée de 34 ans, Julie Doucet se consacre à d’autres formes artistiques comme le collage, la gravure sur bois, ou la sérigraphie. Une autre manière de se raconter avec des images et des mots.
Elle s’enrichit dans l’ombre et expérimente sans cesse, avant une nouvelle percée qui prendra la forme d’un livre Time Zone J. Et c’est notamment au fil de sa plume précise et acérée que cette grande rétrospective invite.