Hommage à Nikita Mandryka, auteur du Concombre masqué et Grand prix du Festival d'Angoulême en 1994
Le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême a appris avec une grande émotion le décès, dimanche 13 juin 2021, de Nikita Mandryka, Grand Prix 1994. Il avait créé la merveilleuse série Le Concombre masqué et cofondé la revue L’Écho des savanes avec Claire Bretécher et Marcel Gotlib. Le monde du 9e art est attristé par la disparition de cet auteur talentueux.
Les aventures potagères du Concombre masqué
Créé en 1965 dans Vaillant, Le Concombre masqué vit ses premières aventures potagères dans ce journal, puis dans Pif Gadget mais également dans Pilote. Cette cucurbitacée verte et masquée est un personnage surprenant et original, à la fois philosophe et bavard. Entre son meilleur ennemi le Grand Patatoseur, son ami Chourave et sa grand-mère, il vagabonde dans des histoires burlesques et oniriques.
Tout ne finit pas en purée pour Le Concombre masqué. Les récits pré-publiés dans les différentes revues sont ensuite compilés en albums, d’abord aux éditions Futuropolis, puis chez Dargaud, Dupuis et enfin chez Mosquito. Au total, ce sont près de vingt bandes dessinées parues entre 1975 et 2019. Mais avant de plonger dans le grand bain de la bande dessinée, Nikita Mandryka fit ses gammes dans l’univers du cinéma.
Du cinéma…
Né le 20 octobre 1940 à Bizerte dans l’ancien protectorat français de Tunisie, Nikita Mandryka vit dans une famille d’origine russe. Après son enfance dans ce pays du nord de l’Afrique, il effectue des études secondaires en France dans le monde du cinéma à l’Institut des hautes études cinématographiques, l’ancêtre de la Femis. Mais c’est le monde de la bande dessinée qui le choisit.
« Avec un papier, un crayon, et un pinceau, on fait soi-même son cinéma » confiait l’auteur lors d’un entretien aux éditions Dargaud.
Après sa rencontre décisive avec Marcel Gotlib, il travaille pour Vaillant et Pif où il crée son fameux Concombre masqué. Dans les pages de ces revues, il imagine aussi Les minuscules et écrit des scénarios pour Monzon dans Pilote où il fait la connaissance de Claire Bretécher.
Autoportrait - Nikita Mandryka
… À L’écho des savanes
Son autre grande aventure éditoriale, c’est celle de L'Écho des savanes. En mai 1972 avec ses amis Claire Bretécher et Marcel Gotlib, il se lance dans la publication de cette revue. Culte et adulée par un large public, elle accueille dans ses pages, non seulement ses créateurs mais aussi Jean Solé, René Pétillon, Jacques Lob, Jean-Marc Reiser, Martin Veyron ou Philippe Vuillemin.
Sept ans après les débuts du journal, Nikita Mandryka décide de le quitter. Il poursuit Le Concombre masqué et devient rédacteur en chef de Charlie mensuel, d’avril 1982 à juillet 1983 puis chez Pilote.
« Ce qui me tue dans la vie, c'est la mort. »
Cette phrase tirée du Concombre masqué vient conclure une vie artistique riche. Son œuvre populaire a bercé de nombreuses générations. Récompensé par le Grand Prix au Festival d’Angoulême, Nikita Mandryka obtint aussi le prix patrimoine du Festival d’Angoulême en 2005, pour Les aventures du Concombre masqué.
Prix Yellow-Kid à Lucques en Italie en 1972, il reçoit également le Grand prix Töpffer en 2019 à Genève.