Emmanuel Guibert, en bonne compagnie
Le Grand Prix du 47e Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême fait l’objet d’une exposition exceptionnelle. Célébré aussi bien pour ses biographies intimistes telles que Le Photographe et La Guerre d’Alan ou ses récits jeunesse, Emmanuel Guibert, auteur à l’oeuvre protéiforme, convie pour la première fois des amis artistes, venus de tous les champs disciplinaires, à un dialogue.
Membre éminent de la « nouvelle bande dessinée », Emmanuel Guibert est un auteur aussi discret que majeur. Né en 1964 à Paris, il débute son aventure dans la BD avec Brune qui, dans un style hyperréaliste, évoque la montée du nazisme. Emmanuel Guibert se détourne ensuite de cette approche graphique très stricte, tout en conservant ce souci du détail qui caractérise son œuvre. Dans le sillage de la maison d’édition L’Association, il se rend compte qu’il n’est pas le seul à entrevoir la bande dessinée différemment. Il intègre l’atelier des Vosges, où il côtoie Émile Bravo ou Christophe Blain. Il commence à publier des récits dans la revue Lapin, et dessine La Fille du professeur, sur un scénario de Joann Sfar. L’album est couronné de l’Alph-Art coup de cœur au Festival d’Angoulême en 1998.
Par la suite, Emmanuel Guibert multiplie les expériences, aux côtés de David B. (Le Capitaine écarlate), ou encore en jeunesse, d’abord avec la série Sardine de l’espace, puis en créant Ariol. Mais c’est surtout dans le domaine de la biographie dessinée qu’il s’épanouit. Au tournant du millénaire, il commence la publication d’un ambitieux projet basé sur les souvenirs de son ami américain Alan Ingram Cope. La Guerre d’Alan, L’Enfance d’Alan (Grand Prix de l’ACBD en 2013) et Martha et Alan paraissent entre 2000 et 2016.
On y retrouve son trait sépia, à la fois très technique et tout en retenu. Emmanuel Guibert excelle à mettre en scène l’intime, le quotidien et l’anecdotique, avec une pudeur qui fait l’admiration de ses pairs. Son élection comme Grand Prix du 47e Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême vient dès lors couronner la carrière d’un acteur majeur du 9e art.
Après son exposition à l’Académie des beaux-arts de Paris, Emmanuel Guibert investit cette fois le musée d’Angoulême, dans le cadre d’une exposition placée sous le signe de l’intimité et de l’amitié. Les visiteurs pourront découvrir une collection de dessins qui n’avaient jusqu’alors jamais été montrés au public. Carnets, peintures, gravures et lithographies révèlent un artiste qui ne cesse de se chercher et d’expérimenter. Emmanuel Guibert a par ailleurs choisi de convier à la fête des amis peintres, sculpteurs, architectes ou encore musiciens. Des œuvres de Cécile Reims, Ye Xin, Micheline Bousquet, Alain Keler ou Fiamma Luzzati seront ainsi dévoilées.
Un second espace
Un second espace aborde spécifiquement les travaux d’Emmanuel Guibert et Marc Boutavant dans le domaine du livre jeunesse. Et si vous (re)découvriez les collections permanentes (Archéologie et Arts extra-européens) du musée avec pour guide, un joyeux âne bleu ?
À travers une exposition aux airs de jeu de piste, Ariol emmène les curieux pour un voyage dans le temps et la connaissance des arts. Ici, Ariol et Ramono suivent avec leur barque une pirogue à balancier kanak. Et là, n’est-ce pas Batégaille, qui s’endort sur le fauteuil du gardien de musée ?
MUSÉE D’ANGOULÊME
DU 19 MAI AU 29 AOÛT 2021
Commissaire : Sonia Déchamps
Scénographe : Élodie Descoubes
Production : 9eArt+ / FIBD